Article 110 — L’impuissance du regard, Raphaël Lods

“Le théologique soulève des traditions de regards et de relation à ce qui le dépasse. Au-delà du visible, le messianisme propose une pensée de l’invisible. Si l’image est plus que son papier, son écran, son encre, ses pixels ou ses bromures d’argent, ce plus peut être questionné.
Parce que le reste de l’image est potentialité de puissance, invisible et au-delà du langage et que la théologie installe par le divin le principe même de potentialité de puissance, d’invisible et d’au delà du langage, nous pouvons souligner des similitudes et nous armer de ce qui a été théorisé sur le second pour saisir le premier. Lorsque nous suspendons l’opérativité du visible, nous pouvons aborder l’image dans une ontologie apophatique.
À partir du rapport à Dieu, à la création et au langage que pose Franz Rosenzweig et par l’exégèse qu’en propose Stéphane Mosès, nous proposerons une interprétation du concept de séparation et de sa nécessité dans la production et la consommation d’images.
La traversée du récit d’élection du roi David nous offrira des indices sur la façon dont se construit le regard et ses limites. Nous verrons comment la théorie cabalistique de la création nous permet de penser l’image comme création et de soulever des hypothèses quant à ce qui sort du spectre du regard. Nous saisirons ce qui distingue l’image de la puissance et la puissance de l’image, possibilité et séparation de la possibilité.